Smart : une expérience radioactive au service de l'environnement

Les centrales nucléaires ne sont pas les seules émettrices de radioactivité en France. Le bâtiment ou encore les hôpitaux sont également des sources indiscutables. Étant donné les risques pour l’environnement et la santé, ces milieux se doivent d’être perpétuellement contrôlés. Smart, une équipe d’experts en radioactivité de Subatech (laboratoire sous tutelle d’IMT Atlantique)  joue dans ce paysage le rôle d’un tiers acteur nécessaire. Elle apporte objectivité et qualité à ces mesures de terrain et à ses analyses en laboratoire. Elle assure la règlementation de la radioactivité et contribue ainsi à la surveillance de l’environnement.

Smart_une.jpg

Smart, non il n’est pas question ici du dernier modèle de la célèbre voiture citadine, mais du Service de Mesure et d’Analyse de la Radioactivité des éléments Traces. Intégrée à Subatech [1], cette équipe d’experts (techniciens et ingénieurs) n’est pas contrainte par des normes de laboratoire de recherche classique. Une liberté qui lui donne un large éventail de possibilités pour répondre à des questions bien particulières. « On peut répondre à tout à partir du moment où il s’agit de mesure de radioactivité », nous renseigne Isabelle Deniau, ingénieur responsable technique de Smart. Ainsi si vous souhaitez déterminer la véritable nature d’un diamant ou l’origine d’un parquet, Smart vous ouvre ses portes et vous conseille.

Mais la gamme d’offres proposées par les experts en radioactivité ne se contente pas de répondre à ces demandes atypiques. Tout organisme ayant des sources radioactives comme Engie, Areva, le CEA, les hôpitaux ou encore le domaine du bâtiment, peuvent bénéficier des services de Smart. Autant d’acteurs directs ou indirects du nucléaire qui sont soumis à des règlementations fermes en termes de contrôle et de rejet pour protéger la santé des citoyens et l’environnement.

Contrôle de la radioactivité pour la surveillance de l’environnement

Lorsque l’on parle de radioactivité, une image de centrale nucléaire s’inscrit souvent dans notre esprit. Pour cause, le nucléaire est le fer de lance de l’énergie en France et représente 77 % de la production énergétique totale (d’après le Réseau de transport d’électricité – RTE). Les centrales nucléaires sont régulièrement contrôlées, étant donnés les risques qu’elles peuvent engendrer. Le laboratoire Smart intervient de ce fait directement sur le terrain pour analyser leurs rejets et établir des mesures d’impact pour l’ASN notamment (Agence de Sûreté Nucléaire). « Le laboratoire participe de manière générale à la surveillance de l’environnement français », précise Isabelle Deniau.

« Nous effectuons des analyses d’herbe, de mousses, de feuilles d’arbres… tout ce qui va pouvoir capter des composés radioactifs par échange avec l’atmosphère. Nous faisons également des prélèvements aqueux », précise l’ingénieur. Ces échantillons permettent de renseigner sur une pollution éventuelle par des radionucléides. Ceux-ci ont pu être libérés dans l’atmosphère sous forme d’effluents liquides ou gazeux. Les spécialistes parlent de bio-indicateurs. Ces composés biologiques leur indiquent la présence ou non d’une contamination.

Sur le terrain, aucun prélèvement n’est effectué au hasard. Pour évaluer l’impact de ces rejets, des analyses sont effectuées sur des prélèvements en amont des sites nucléaires et comparées à ceux relevés en aval. Le choix des prélèvements dépend des radionucléides recherchés. Les experts doivent prendre en compte les capacités d’accumulation de chaque bio-indicateur. « Depuis que nous sommes dans l’ère nucléaire, il est difficile de dissocier les radionucléides qui sont d’origine naturelle de ceux liés à l’activité humaine, car certains de ces composés sont déjà présents dans notre environnement », précise Isabelle Deniau.

Une connaissance de pointe sur le comportement des éléments radioactifs dans les milieux étudiés est donc essentielle. En effet, les composés diffèrent selon le milieu dans lequel ils sont accumulés. Le césium par exemple est un composé caractéristique de l’activité nucléaire qui se dépose au niveau des sédiments des cours d’eau. Il peut être transmis aux algues et ensuite consommé par des poissons pour finalement s’accumuler dans leurs muscles. « Ce n’est plus la période physique de l’élément qui nous intéresse dans ces cas-là mais sa période biologique ».

Un démantèlement sécurisé et surveillé

Si ces mesures fonctionnent pour des centrales en fonctionnement, les sites nucléaires n’ont pas une durée de vie illimitée. Ils ont été conçus pour durer entre 25 et 40 ans. Des périodes qui ont été prolongées ces dernières années grâce à l’amélioration des connaissances et des techniques garantissant la sûreté de ces infrastructures. Quoi qu’il en soit, il arrivera un moment où il faudra démanteler ces centrales. Des mesures sont ainsi réalisées par l’équipe Smart. « Dans les problématiques de démantèlement, notre but peut être de déterminer la radioactivité de déchets de démantèlement qui seront envoyés par la suite à l’Andra (agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs, ou bien de vérifier qu’il n’y a plus de radioactivité sur site », explique Isabelle Deniau.

À chaque étape, la démarche de réhabilitation de ces sites à risques est prise très au sérieux. Au préalable du démantèlement, les experts évaluent la radioactivité des déchets qui seront générés. Après la déconstruction, ils mesurent la radioactivité résiduelle. « Nous pouvons également intervenir en tant que tiers expert sur des sites de démantèlement comme celui du Fort de Vaujours. C’est un contrôle supplémentaire ».

Des pratiques reconnues et récompensées

« Nous bénéficions de l’accréditation Cofrac des prélèvements aux analyses. C’est un organisme qui accrédite les laboratoires et certifie leurs mesures. Cela garantit que des résultats suivent une procédure normée et que les techniques de prélèvement et de mesure ont été validées. Cela signifie que si l’on répète la mesure, notre résultat sera toujours le même. Pour cette certification, nous avons régulièrement des audits », explique Isabelle Deniau.

Les prélèvements pour des analyses de radioactivité sont normés par des contraintes essentielles à la mesure. Par exemple, dans le cas de prélèvements aqueux, les scientifiques doivent prélever des échantillons au centre du cours d’eau et non dans des zones où l’eau est stagnante. Des précautions comme rincer les flacons avec l’eau de prélèvement ou encore les remplir à ras bord pour empêcher les échanges gazeux sont respectées. Toutes ces  précautions sont nécessaires à des résultats fiables et représentatifs.

« Pour nos clients, cette certification Cofrac est quelque chose de rassurant. Cela certifie du sérieux et de la qualité de notre travail », ajoute Isabelle Deniau. Par ailleurs, il est important d’avoir un acteur indépendant tel que Smart. Son statut dissocié des organismes qui produisent la radioactivité, lui permet d’effectuer sans biais des mesures de sûreté. Ce service applique une règlementation stricte qui assure des résultats objectifs. Elle joue ainsi un rôle primordial au niveau sociétal.

[1] Subatech est une unité mixte de recherche (UMR 6457). Elle est affiliée à trois tutelles: IMT Atlantique, le CNRS et l’Université de Nantes.

Publié le 23.02.2017

par Blog recherche IMT