Réduire l’empreinte carbone du secteur des transports en mettant au point à partir de microalgues un nouveau biocarburant certifié pour l’aviation, c’est l’ambitieux objectif du projet européen COCPIT piloté par le département systèmes énergétiques et environnement (DSEE) d’IMT Atlantique (UMR CNRS 6144 GEPEA) officiellement lancé à Nantes ces 11 et 12 octobre pour une durée de 4 ans.
Soutenu par la Commission européenne à hauteur de 5 M€, COCPIT pour « sCalable solutions Optimisation and decision tool Creation for low impact SAF Production chain from a lIpid-rich microalgae sTrain », en français « optimisation de solutions extensibles à large échelle et création d’un outil d'aide à la décision pour concevoir une chaine de production de biocarburants durables depuis une souche de microalgues oléagineuse », associe 10 partenaires* académiques et industriels de 6 pays différents.
La décarbonation du secteur de l’aviation
Les biocarburants constituent une des voies privilégiées pour la décarbonation du secteur de l’aviation, l’électrification ne faisant pas partie des options envisageables. « Mais les biocarburants pour l’aviation nécessitent des propriétés spécifiques comme une densité énergétique élevée et des propriétés d'écoulement à froid, deux propriétés qui excluent le recours au biodiesel (huiles végétales), au bioéthanol (sucre ou amidon) ou au biométhane, » souligne Sary Awad, enseignant-chercheur au DSEE et coordinateur du projet COCPIT dans lequel sont aussi impliqués Yves Andrès, le responsable du DSEE, Clément Lacroix et Denys Grekov, tous les deux enseignants-chercheurs au département.
Yves Andrès, responsable du DSEE et Sary Awad, coordinateur du projet COCPIT.
Des procédés et bioprocédés innovants
Les microalgues offrent depuis les années 2010 une alternative intéressante pour produire du biocarburant pour l’aviation même si les rendements faibles obtenus et la compatibilité dans le mix énergétique entre les biocarburants et les carburants fossiles ont incité les raffineurs à se tourner vers d’autres solutions.
« Notre projet vise donc à trouver des approches innovantes pour diminuer les couts de production de la culture des microalgues dans les photobioréacteurs, améliorer les procédés sur l’ensemble de la chaine (de la séparation des lipides/ protéines et autres résidus, aux procédés de transformation puis de purification) pour aller vers la certification d’une nouvelle voie de production basée sur la liquéfaction hydrothermale de la biomasse, et enfin, d’identifier des moyens de favoriser l’intégration des biocarburants dans le mélange final à des proportions compatibles avec les limites imposées par le parlement européen à horizon 2050. » explique Sary Awad.
Un outil d’aide à la décision pour un rendement optimisé
COCPIT a pour objectif de délivrer une solution de production de biocarburants durables pour les secteurs aérien et maritime à partir de microalgues tout en veillant à respecter la circularité tout au long de la chaîne de production sur son territoire d’implémentation. Et un outil d’aide à la décision destiné aux investisseurs pour choisir les technologies les plus adaptées à leurs projets par le biais d’une analyse économique et environnementale poussée.
« Pour rassurer les raffineurs sur l’investissement en recherche et infrastructure pour la production de biocarburants à base de microalgues, nous allons créer un outil d’aide à la décision qui leur permettra de simuler la rentabilité de tel ou tel infrastructure en fonction de sa configuration (localisation géographique, ensoleillement, proximité de sources d’eau réutilisables, distance avec un aéroport ou un port, disponibilité en source de dioxyde de carbone, etc…) et des voies de transformation ou approches qu’ils souhaitent privilégier. » L’idée des acteurs de consortium est en quelque sorte de « dé-risquer » l’investissement des raffineurs.
COCPIT saura-t-il faire sauter le verrou de la productivité des microalgues et des réserves d’énergie décarbonée qu’elles contiennent ? Le défi est en tout cas relevé.
Les partenaires du projet COCPIT
- IMT Atlantique
- Nantes Université
- L'université Rovira i Virgil (URV) université publique catalane à Tarragone
- L’Université d’Aalborg au Danemark
- Le centre national de recherche spatial et aéronautique allemand Deutsches Zentrum für Luft- und Raumfahrt
- L’université d’agriculture d’Athènes
- Algosource technologies
- HELLENiQ ENERGY
- Wings ICT Solutions en Grèce
- ETA - Florence Renewable Energies
Le kick-off du projet avec les partenaires
par Fabienne MILLET-DEHILLERIN