En signant 25 conventions avec des laboratoires ou des entreprises innovantes dans le cadre de la mesure « préservation de l’emploi en R&D » du plan France Relance, IMT Atlantique obtient la création de 29 emplois scientifiques sur un ou deux ans. L’occasion de tisser des liens encore plus étroits avec les industriels et les laboratoires de son « écosystème ».
Contribuer au développement de son territoire : c’est l’une des ambitions d'IMT Atlantique. Cette ambition figure en bonne place dans le plan stratégique de l’école et se traduit par une série d’initiatives : partenariats avec les entreprises comme avec les collectivités locales, liens étroits avec les universités et écoles de la région, plates-formes industrielles, incubateurs pour accueillir des créateurs de divers horizons…
L’engagement résolu de l’école dans le plan France Relance confirme clairement cette orientation. Lancé fin 2020, ce plan vise à soutenir l’emploi dans la R&D. Il prévoit que, dans le cadre d’une convention entre une entreprise et une structure de recherche à but non lucratif (laboratoire public, université ou école), l’État prenne en charge l’essentiel de la rémunération de certains personnels. Un collaborateur d’une entreprise peut ainsi être mis à disposition pour une durée d’un à deux ans d’un laboratoire public, ou y effectuer une thèse. Inversement, un jeune diplômé bac +5 ou un jeune docteur peut être recruté par un laboratoire ou une école pour être engagé dans une collaboration scientifique, en étant au sein de l’entreprise.
« Cette initiative s’inscrit dans le contexte du plan de relance européen décidé après le Covid, indique Frédéric Pallu, chargé de mission auprès de la directrice déléguée sur le développement économique et le développement d'IMT Atlantique. Elle découle de deux constats : d’abord, la pandémie et le confinement ont eu des effets délétères sur l’emploi, la R&D figurant parmi les fonctions les plus menacées. En outre, les jeunes diplômés et chercheurs comptent parmi les plus exposés. D’où l’idée de rapprocher organismes publics de recherche et entreprises - PME et ETI, en particulier - afin de préserver l’emploi de ces populations. »
Priorité aux partenaires de l’école
Le financement du dispositif est assuré par le ministère de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation (Mesri) et opéré par l’Agence nationale de la recherche (ANR). Pour des jeunes en master, environ 80 % du salaire brut sont ainsi pris en charge, seul le complément est payé par les entreprises. Pour des profils plus expérimentés, le montant de l’aide est plafonné à 65.000 euros. L’école et ses partenaires de leur côté assument les frais administratifs et de gestion.
Lorsque le ministère a lancé un « appel à manifestation d’intérêt » (AMI), à la différence d’autres institutions, IMT Atlantique a opté pour un maillage fin associant un grand nombre d’entreprises. « Nous avons choisi de privilégier nos partenaires, indique Frédéric Pallu : les jeunes pousses incubées à l’école ou issues de nos incubateurs, ainsi que des entreprises avec lesquelles nous avions tissé des relations de confiance - par exemple, celles qui financent nos chaires de recherche ou qui utilisent nos plates-formes industrielles. » Une cinquantaine de partenaires industriels ont ainsi été proposés par l’école.
L’examen des dossiers a débuté au printemps 2021 avec la participation de différents acteurs dont la Délégation régionale académique à la recherche et à l'innovation (Drari). Un travail de longue haleine pour établir pour chaque candidat un accord avec l’entreprise, rédiger un projet de convention, soumettre le dossier à la Drari… environ 4 mois pour chaque convention.
« Une des difficultés a été d’identifier des candidats pour un CDD, et aussi de ne pas les perdre en chemin, raconte Frédéric Pallu. Car certains profils - les informaticiens, par exemple - sont très sollicités par les recruteurs, et leur situation évolue très vite. Or nous tenions à retenir de bons candidats… » Autre point délicat, celui de la propriété intellectuelle. «Comme il s’agit d’un financement public, il faut éviter toute distorsion de concurrence. Les droits de propriété reviennent donc à l’école. »
Un renfort pour les PME et start-ups
Au final, l’école est parvenue à faire valider 25 conventions, pour 23 entreprises - soit 9 mises à disposition d’une société, 10 recrutements de jeunes titulaires d’un master et 10 « post-doc ». Le tout réparti sur les trois campus de l’école - Nantes, Rennes et Brest - et portant sur des thématiques très diverses : électronique et micro-ondes, nucléaire, radio-pharmacie, énergie (hydrogène), sécurité des données… IMT Atlantique apparaît comme un des acteurs les plus impliqués dans cette opération.
Parmi les bénéficiaires du dispositif figurent la plate-forme Arago, dédiée aux matériaux et technologies intelligents pour l’industrie du futur, la jeune pousse Ai4R qui développe un procédé innovant d’imagerie par autoradiographie en lien avec le laboratoire SUBATECH. Autres exemples, le projet Kimi de plate-forme logicielle de formation à distance en gastro-entérologie autour d’images endoscopiques, ou encore la chaire Océanix qui utilise l’IA pour étudier la dynamique des océans (courants, pollutions, routage de navires…) et collabore avec CLS et Ocean Datalab.
France Relance aura ainsi permis de créer 29 emplois à l’école ou dans son environnement pour un financement total de 3,27 millions d’euros. Soit l’équivalent de 49 années/homme de collaboration scientifique. Une douzaine de jeunes pousses incubées à l’école ont pu en bénéficier.
« C’est une opération assez lourde, mais qui offre une forte valeur ajoutée pour l’école, estime Frédéric Pallu. Elle met en relief une véritable expertise dont dispose IMT Atlantique, à la fois dans le montage de dossiers complexes et en matière de partenariat avec des entreprises locales. Nous renforçons l’expertise technologique des PME et des start-ups en les rapprochant des laboratoires de recherche. De leur côté, les jeunes recrutés grâce à ce dispositif complètent leur formation scientifique et se familiarisent avec le monde de l’entreprise. Quant à l’école, elle tisse ainsi des liens de confiance avec son écosystème. Tout le monde y gagne. A terme, je suis convaincu que cette collaboration entre acteurs de l’innovation portera ses fruits - que ce soit pour l’accueil de stagiaires, pour le recrutement de nos diplômés ou pour monter d’autres partenariats de recherche. C’est un investissement très prometteur. »
par Fabienne MILLET-DEHILLERIN