Précurseurs des premiers Mooc français, nos enseignants reviennent sur 10 ans de cours ouvert en ligne

« Nous ouvrions le premier MOOC francophone, ITyPA « Internet Tout y est Pour Apprendre », au moment même où les médias découvraient le Morganphénomène MOOC qui montait depuis début 2012 aux USA.L’idée de faire un MOOC a été lancée via Twitter au travers de messages en mai 2012, des rencontres rapidement via les premiers systèmes visio, et l’ouverture d’un espace sur Google drive. Le travail se faisait sur le temps libre dans la bonne humeur. Nous avions une impression de facilité. Les personnes que nous sollicitions répondaient rapidement et positivement. Stephen Downes nous a ainsi fait une vidéo et renvoyé le lien quelques heures plus tard. Alors que nous cherchions un système de webinaires permettant de regroupes quelques personnes et de le diffuser en direct, Google sortait son offre gratuite de hangouts qui répondait exactement à ce besoin et que nous avons utilisé intensivement pendant 3 ans. Et surtout, après la première séance du 4 octobre, alors qu’on se demandait comment cela allait se passer (il faut avouer que nous étions un peu stressé ce 4 octobre 2012), on a pu lire les premiers échanges des participants, sentir leur enthousiasme, et les relayer.  » raconte Jean-Marie Gilliot 

« Deux impulsions majeures ont été données aux Moocs : tout d’abord la création de France Université Numérique qui a permis de disposer d’une plateforme stable avec un grand rayonnement dans le monde francophone ; ensuite, le soutien de l’Institut Mines Télécom par son action propre et par le financement de la fondation Patrick and Lina Drahi qui a fourni non seulement le financement des développements mais a permis la création d’une cellule pédagogique centrée sur les Moocs.

Le matériel pédagogique a été transféré sur FUN et une session de « Introduction aux réseaux cellulaires » a été lancée en février 2014. Plus de 8300 personnes se sont inscrites sur un cours à haut contenu technique de niveau master ou 2ème année d’école d’ingénieur. Nous avons, à IMT Atlantique, lancé de nombreux moocs sur FUN et j’ai coordonné la création d’un Mooc intitulé « comprendre la 4G ». La première session a ouvert le 2 novembre 2015 et a regroupé plus de 5000 inscrits. Le mooc a été traduit en anglais et couvert sur la plateforme edx sous le nom de « 4G network essentials ». En 2020, j’ai lancé une première version d’un mooc sur la 5G. Depuis début 2022, l’ensemble des cours est disponible sur la plateforme coursera qui, au niveau mondial, a une très bonne notoriété. Une version complétée intitulée « 5G, principes de fonctionnement » est désormais disponible.

L’ensemble des cours en lignes qui traitent des réseaux mobiles sur les différentes plateformes a recueilli un peu plus de 100 000 inscriptions depuis 2013, près de 20 000 apprenants actifs et c’est plus de 5 400 attestations de succès qui ont été délivrées. Ils ont touché en moyenne plus de personnes par an que pendant mes 32 ans de carrière d’enseignement ! » explique Xavier Lagrange 

" Dès le démarrage, le MOOC a été un terrain d’expérimentations pédagogiques : certification, live, classe inversée… À titre personnel, je me suis appuyée sur le MOOC pour changer la pédagogie du module enseigné à l’école. J’ai choisi de remplacer les cours en amphi par le suivi du MOOC, c’est-à-dire par l’exposé des notions en vidéo, les quizz d’autoévaluation et les exercices de mise en application." indique Géraldine Texier qui a contribué au premier Mooc sur les principes des réseaux de données ouvert en 2014. 

Le Mood Fabrication Numérique lancé en 2014 à l’initiative de Baptiste Gaultier, ingénieur de recherche à IMT Atlantique, a d’abord existé sous la forme d’un Mooc diffusé sur FUN MOOC, qui a touché plus de 93000 apprenants entre 2014 et 2017, un score historique. L’ingénierie pédagogique du cours a par la suite été repensée pour constituer un parcours d’apprentissage progressif, par briques incrémentales constituant aujourd’hui un ensemble de 6 cours en ligne, dont 3 font l’objet d’une hybridation depuis 2017 : « S’initier à la fabrication numérique », « Programmer un objet avec Arduino » et « Imprimer en 3D », tous diffusés sur FUN MOOC. L’hybridation a en effet pris tout son sens pour cette formation destinée à la montée en compétences dans la numérisation de la société, par la prise en compte du cycle complet de réalisation d’un objet intelligent (design, conception, programmation, prototypage rapide et impression 3D), alternant pour moitié apprentissage en ligne (60h) et ateliers de mise en pratique dans des FabLabs (60h). Orientée vers la formation professionnelle et le retour à l’emploi, la première expérimentation du dispositif a eu lieu en Île-de-France en 2017, avec le soutien de la Région, de la mairie de Paris et de Pôle Emploi, avant d'être déployé dans plusieurs régions.