« Enquêter dans le nucléaire » renouvelle l’approche du secteur trop souvent limitée au risque et donne des clés méthodologiques pour conduire des recherches dans des domaines sensibles. L’ouvrage publié aux Presses Universitaires de Rennes dans une langue abordable par tous, permet d’enrichir ses connaissances sur un secteur qui relève tout autant de l’environnement et de la santé que de l’industrie. Sous la direction de Sophie Bretesché, Stéphanie Tillement, Bénédicte Geffroy et Benoît Journé * du département en Sciences sociales et de gestion d’IMT Atlantique, il réunit les travaux d’une trentaine de chercheurs.
L’idée de cet ouvrage remonte à 2017, suite aux « Journées du risque » de 2016 co-organisées par la chaire «Risques émergents et technologies, de la gestion technologique à la régulation sociale » RITE et la chaire "Recherche en Sûreté, Organisation, Hommes" RESOH. Il ambitionne de rendre compte de la richesse des travaux de recherche en sciences sociales qui traitent des différentes facettes du nucléaire : autour de l’activité de l’industrie nucléaire, mais aussi sur les environnements impactés par le nucléaire et dans le vaste domaine de la santé. Il a été l’occasion de faire le lien entre les différents projets de recherche et chaires qui ont déjà livré leurs premiers résultats : AGORAS, Labex IRON, Needs, chaires RESOH et RITE...
Enquêter dans le nucléaire
« Notre objectif était d’adopter une perspective socio-technique, de regarder ce qui se passe comme on le ferait dans tout autre secteur d’activité. Pour dépasser les polémiques, le nucléaire a été posé comme un objet d’étude à travers de multiples matériaux sur la base d' une approche interdisciplinaire, » explique Bénédicte Geffroy, responsable du département Sciences sociales et de gestion d’IMT Atlantique qui dirige des recherches dans le champ de la médecine nucléaire. « On est parti de différents terrains et formes d’enquête, l’approche n’est pas désincarnée mais s’appuie sur des travaux complémentaires. Et surtout l’ouvrage décentre le sujet trop souvent réduit à la centrale nucléaire ! »
L’ouvrage le souligne les mots du nucléaire ont leur importance : ses représentations dans les romans, au cinéma et bien sûr dans les médias contribuent à façonner notre approche. L’ouvrage s’est volontairement écarté des seules controverses et des contextes de crise pour appréhender le nucléaire à travers ses activités, ses organisations, ses territoires et ses mots « au quotidien ».
Stéphanie Tillement, sociologue à IMT Atlantique et coordinatrice du projet AGORAS souligne : « le livre montre les différentes ficelles pour parvenir à étudier "au plus près des activités de travail’ un secteur réputé fermé en adoptant une démarche scientifique, fondées sur des méthodes robustes.» Elle poursuit : « Le secteur se caractérise par des temporalités très longues et des investissements lourds qui nécessiteraient une véritable stratégie politique à long terme, fondée sur l’ensemble des connaissances disponibles, y compris celles produites par les chercheurs académiques », et regrette que cela ne soit pas le cas pour un secteur qui touche de si près à la vie de tous, qu’il s’agisse des besoins en électricité, des soins en médecine nucléaire ou des enjeux environnementaux etc...
Chercheurs du domaine bien sûr, académiques et institutionnels (IRSN, EDF, CEA, ANDRA…), acteurs des activités à risques et enfin étudiants déjà dans cette voie ou qui s’interrogent encore y trouveront un éclairage raisonné et enrichi de ce sujet d’actualité.
*Sophie Bretesché est professeure de sociologie à IMT Atlantique et chercheuse au LEMNA. Elle coordonne le volet sciences sociales de la Zone Atelier CNRS « Territoires Uranifères ». Depuis 2016, elle est vice-présidente du conseil scientifique Naval Group.
Stéphanie Tillement est sociologue à IMT Atlantique et chercheuse au laboratoire LEMNA. Elle a coordonné le projet ANR- Investissement d'Avenir « AGORAS » et pilote la thématique de recherche « Gestion de projets complexes » de la chaire RESOH
Bénédicte Geffroy est professeure en management des organisations dans le domaine des systèmes d'information et responsable du département Sciences sociales et de gestion à IMT Atlantique. Chercheuse au LEMNA, elle dirige des recherches dans le champ de la médecine nucléaire.
Benoît Journé est professeur de gestion à l'IEMN-IAE et professeur associé à IMT Atlantique. Il est actuellement chercheur au LEMNA et chercheur associé au Centre de recherche en gestion de l'École polytechnique. Il dirige la chaire RESOH. consacrée au management de la sûreté des industries à risques.
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par Fabienne MILLET-DEHILLERIN