SOCOSCA

SOCOSCA - Mieux comprendre et prendre en charge les malades d'ataxies spinocerebelleuses autosomique dominanes
Projet ANR
Agrément n° ANR-23-CE28-0027-02
Démarrage : 2023
Fin : 2028

Ce projet vise à approfondir notre compréhension du rôle du cervelet dans la cognition sociale et les comportements socio-affectifs, en étudiant des patients atteints d'ataxies spinocérébelleuses (SCA) autosomiques dominants. Le cervelet, longtemps associé à la motricité, est désormais reconnu pour ses fonctions cognitives et émotionnelles. En utilisant des techniques de neuro-imagerie avancées et une évaluation neuropsychologique complète, nous espérons caractériser les déficits sociocognitifs dans les SCA et identifier les anomalies structurelles et fonctionnelles du cervelet. Ce projet multidisciplinaire pourrait mener à des interventions cliniques non pharmacologiques et offrir un soutien psycho-éducatif aux patients et à leurs familles, comblant ainsi une lacune importante dans la prise en charge des SCA.

Contexte du projet

Le rôle du cervelet a évolué au-delà de la motricité ces dernières décennies. Les recherches indiquent que des dommages aux parties cognitives et limbiques du cervelet, comme le lobe postérieur (lobules VI/Crus I, Crus II/VIIB, lobules IX/X), entraînent un syndrome cognitif et affectif cérébelleux (CCAS). Ce syndrome inclut des déficits dans les fonctions exécutives, le traitement linguistique, la cognition spatiale et la régulation des émotions. De plus, le cervelet semble jouer un rôle dans la cognition sociale, incluant la reconnaissance des émotions et la théorie de l'esprit. Les études cliniques sur des patients avec des lésions cérébelleuses ont confirmé des déficits dans ces domaines, marquant la composante affective du CCAS. Les recherches en neuro-imagerie ont révélé que les circuits neuronaux du cervelet incluent des connexions avec des régions fronto-limbiques, l'amygdale, l'insula, ainsi que les cortex temporaux, pariétaux et frontal. Le cervelet participe à des réseaux associatifs et paralimbiques et est intégré dans les systèmes de contrôle exécutif, de mentalisation et émotionnel. Malgré ces avancées, le rôle précis du cervelet dans la cognition sociale nécessite encore des études approfondies avec des sujets sains et des patients présentant des déficits sociaux dus à des lésions cérébelleuses. Les ataxies spinocérébelleuses (ACS), des maladies génétiques dominantes, résultent de la dégénérescence des connexions cérébelleuses. L'atrophie du cervelet est commune dans plusieurs sous-types d'ACS (SCA 1, 2, 3, 6, 7), avec une dégénérescence spécifique du lobe postérieur. Ces conditions fournissent une base solide pour explorer le rôle du cervelet dans le fonctionnement cognitif social.

Objectif du projet et pertinence

Ainsi, en étudiant des patients atteints de SCA autosomiques dominants, nos objectifs sont triples :

  1. Caractériser les déficits sociocognitifs dans les SCA autosomiques dominants.
  2. Analyser les anomalies structurelles et fonctionnelles cérébelleuses et les réseaux cérébelleux-cérébraux, et leur lien avec les déficits sociocognitifs.
  3. Examiner l'impact de ces déficits sur la régulation sociocomportementale dans les SCA, notamment la composante affective du CCAS.

Nous prévoyons également :

  1. D’observer des altérations dans les tâches sociocognitives chez les patients SCA par rapport aux témoins sains appariés, avec des profils distincts selon les sous-types.
  2. D’établir des liens entre les déficits sociocognitifs et les dysfonctionnements affectifs.
  3. D’explorer comment l'atrophie cérébelleuse spécifique et les perturbations des circuits influencent les déficits cognitifs et affectifs dans les SCA, comme observé dans d'autres troubles.

Approche

Nous étudierons 120 participants francophones sur 4 ans : 80 patients adultes atteints de SCA autosomiques dominants (SCA1, 2, 3, 6, 7) et 40 témoins sains appariés. Notre protocole se divise en deux axes :

  1. Évaluation neuropsychologique : Nous utiliserons des tâches standard et des méthodes de recherche écologiques pour évaluer les composantes cognitives et affectives de la cognition sociale, ainsi que des tâches non sociales pour comparer les effets observés.
  2. Neuro-imagerie : Nous emploierons l'IRM structurelle (VBM), l'IRM de connectivité fonctionnelle (IRMfc) et la tractographie par imagerie du tenseur de diffusion (ITD) pour étudier la morphométrie cérébelleuse, la connectivité cérébello-cérébrale et les réseaux associés aux déficits sociaux.

Résultats attendus

Ce projet multidisciplinaire offre plusieurs perspectives.

  1. Neuro-anatomique : Utilisant des protocoles innovants de neuro-imagerie et de neurocognition, ce projet éclairera la base neuro-anatomique des altérations socio-cognitives et socio-comportementales dans les SCA. Il apportera de nouvelles informations sur le rôle du cervelet et de ses connexions dans la cognition sociale et le comportement humain.
  2. Clinique : Ce projet pourrait identifier des cibles pour des interventions non pharmacologiques visant les dysfonctionnements sociaux des patients SCA. La littérature propose des interventions ciblant :
    • Spécifiquement un ou plusieurs domaines de la cognition sociale (CS).
    • La CS dans son ensemble.
    • Des compétences influençant la CS.

Partenaires académiques et industriels français et étrangers

Coordinateur scientifique : Philippe Allain, Professeur de neuropsychologie à l'Université d'Angers (UA) et neuropsychologue (UHA), dirige le Laboratoire de Psychologie des Pays de Loire (LPPL). Il supervise les réunions, le suivi des protocoles, et la publication des résultats.

Consortium :

  • Partenaire 1 : Spécialistes du LPPL en neurosciences cognitives et neuropsychologie clinique (P. Allain, J. Besnard). Ils définissent la batterie d'évaluation cognitive et socio-cognitive.
  • Partenaire 2 : Laboratoire Angevin de Recherche en Ingénierie des Systèmes (LARIS, UA), experts en acquisition et analyse d'images médicales (M. Dinomais, M. Labriffe, J.B. Fasquel, P. Ali).
  • Partenaire 3 : IMT Atlantique (Campus de Brest), spécialistes en modélisation biophysique et imagerie médicale (F. Rousseau).
  • Partenaire 4 : RCRND, neurologues et généticien sécurisant le recrutement de patients SCA et les mesures cérébrales (C. Verny, V. Pichon, C. Scherer-Gagou, A. Prundean, D. Bonneau).

Prochaines étapes

La mise en œuvre de l'étude et le recrutement des sujets seront effectués au cours de l'année 1. L'année 2 et l'année 3 seront consacrées à la collecte des données, tandis que l'année 4 sera consacrée à :

  1. L’analyse des données neuropsychologiques et de neuro-imagerie ;
  2. La diffusion des résultats (publications, conférences, soutenance de thèse).

Concernant la gestion des risques, étant donné que l'inclusion des participants est soumise à l'approbation préalable du Comité de protection des personnes (CPP), nous prévoyons de réaliser ce projet sur une période de 4 ans. Cette période permettra également de recruter un nombre suffisant de patients à l'UHA. Cela représente une cohorte de 80 patients éligibles. Sur base de notre expérience antérieure avec des études de neuroimagerie avancée [IRM fonctionnelle, VBM, DTI ; 40, 41, 42], toutes les IRM seront réalisées sur le même scanner IRM (3 T, Siemens). Cela permettra d'être homogène en ce qui concerne l'acquisition du protocole d'IRM.

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Contacts

Porteur : François ROUSSEAU (IMTA – DS)

Laboratoire concerné : LaTIM

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